La schizophrénie : le mal-être mental par excellence

Connue par la plupart comme étant un dédoublement de la personnalité, la schizophrénie est, en réalité, une dissociation de l’entité humaine marquée par une rupture du schizophrène avec la réalité et une désorganisation touchant l’aspect intellectuel, émotionnel et parfois même physique de l’individu.

 

Skizein et phren sont les deux termes grecs dont dérive la schizophrénie et qui signifient respectivement scinder la pensée.

                             

C’est une psychose grave qui touche 1% de la population et son évolution est chronique. Il semblerait que les femmes seraient sensiblement moins concernées que les hommes. Elle atteint préférentiellement l’adulte jeune mais dont les premiers symptômes apparaissent déjà depuis l’adolescence. Dès le jeune âge, certains troubles sont prédictifs de cette pathologie tels qu’une incohérence dans certains faits et paroles, des réactions disproportionnées, une indifférence à l’entourage, de l’apathie ou encore un affaiblissement de l’intelligence.

 

Causes

 

Bien que l’étiologie de la schizophrénie soit encore méconnue, certains facteurs seraient incriminés dans la survenue des troubles. En effet, le risque d’être schizophrène est plus élevé chez les personnes apparentées à des schizophrènes et plus cette parenté est proche plus ce risque est important.

On a également avancé l’hypothèse d’une malformation cérébrale pouvant être la conséquence d’une exposition du fœtus à un agent infectieux pendant la grossesse ou d’un dysfonctionnement cérébral concernant particulièrement le métabolisme de la dopamine qui est une substance synthétisée par les cellules nerveuses et impliquée dans le contrôle des mouvements.

 

Certaines hypothèses psychologiques axent sur la défaillance de la mère dans le développement d’un psychisme correct du nourrisson, allant aussi bien dans le sens de carence affective ou au contraire de surprotection, et qui peut résulter en une personnalité fragile, faible, hypersensible et dépendante. Un milieu social et un environnement à problèmes, des parents qui critiquent en permanence l’attitude de leurs enfants, des conditions de vie déplorables, des difficultés sociales, le chômage, des abus subits pendant l’enfance ont été également mis en cause.

 

Symptômes

 

Le délire, les hallucinations, la dissociation et la discordance sont les grands signes retrouvés chez le schizophrène.  

 

Le délire est le symptôme le plus spectaculaire, il s’agit d’idées qui se détachent de la réalité et auxquelles le patient adhère totalement. Le schizophrène se croit à tout le temps surveillé, suivi, menacé, la cible de complots et de machinations. Il tient des propos incohérents et parfois incompréhensibles. Les thèmes du délire sont multiples mais les plus courants sont la mégalomanie, la religion, la persécution et la jalousie. Parfois, le délire peut manquer.

 

Ces idées délirantes sont, en partie, nourries par les hallucinations. Le malade entend des voix  dédaigneuses ou outrageuses auxquelles il se sent obligé d’obéir, sent des odeurs et ressent des sensations corporelles que lui seul perçoit et dont il est convaincu de leur réalisme. Il croit qu’on contrôle ses pensées, qu’on vole ses idées, qu’on commente ses actes, qu’on s’est emparé de sa conscience et qu’on guide ses gestes. Cette impression de s’être fait approprier par quelqu’un ou quelque chose relève de l’automatisme mental décrit pour la première fois dans les années 1920.

 

Les quatre symptômes qui caractérisent la discordance sont l’ambivalence définie comme étant deux sentiments contradictoires en même temps, le détachement, la bizarrerie et l’impénétrabilité.

 

Le syndrome
dissociatif se caractérise par une altération de la logique et du raisonnement, des pensées incohérentes et désorganisées sans aucun lien entre les idées, le discours est embrouillé et abrégé avec des termes dont le sens est détourné. Le schizophrène peut même inventer son propre langage et syntaxe.

La vie affective du schizophrène est ébranlée, il est impulsif, parfois violent, boudeur et s’opposant en permanence. Le schizophrène développe de nouveaux tics, il est maladroit, agité ou au contraire silencieux et calme.

 

On rapporte aussi le déclin de certaines fonctions intellectuelles. Le malade est démotivé, il perd toute envie de planifier des projets et de s’engager dans toute activité. La mauvaise communication avec autrui entraîne son repli sur lui-même et une indifférence au monde extérieur. Dans certains cas, la négligence de l’hygiène corporelle est rapportée. La dépersonnalisation est aussi un symptôme fréquemment retrouvé, il consiste en une difficulté du schizophrène à connaître les limites de son corps et une impression que son corps ne lui appartient pas et que ses membres peuvent s’en détacher.

 

Comment reconnaît-on un schizophrène ?

 

Les signes pourvoyeurs de la schizophrénie chez l’adolescent peuvent être confondus avec la toxicomanie. La consommation excessive de drogues peut aggraver la schizophrénie qui, à son tour, peut se compliquer d’abus de médicaments ou d’alcool.

 

Porter le diagnostic de schizophrénie n’est pas une chose simple car les signes de la maladie sont très variables d’une personne à une autre mais aussi chez la même personne à travers le temps.

Rechercher les quatre composants de la discordance cités plus-haut est nécessaire au diagnostic et ces signes devraient être présents quasi constamment pendant au moins six mois.

 

Avant de conclure à état schizophrénique, il faudrait d’abord éliminer les causes organiques des troubles, en particulier les tumeurs cérébrales, l’épilepsie et la toxicomanie.

 

Prise en charge du schizophrène

 

Le traitement repose sur l’association de médicaments antipsychotiques et de la psychothérapie telle que la thérapie de soutien, la psychanalyse ou encore la thérapie familiale. C’est au médecin de décider de la durée du traitement qui est généralement assez longue (en moyenne 5 ans).

 

La famille du patient devrait comprendre que la schizophrénie est une maladie chronique, qui ne guérit pas mais qu’il est possible de contrôler par une prise en charge précoce et adaptée afin de réduire les symptômes, changer le statut de « fou » du malade, favoriser sa réintégration sociale et professionnelle et éviter une évolution dramatique.

 

E.K.L