La paranoïa, le dénominateur commun des sociétés modernes

sante-tunisie-paranoiaLa paranoïa, le dénominateur commun des sociétés modernes

 

Il était 6 h du matin quand une femme de 45 ans a fait éruption dans les urgences en criant « on veut me faire du mal, on veut me tuer… ». Ceci n’est pas une séance de tournage d’un film d’épouvante, encore moins une femme poursuivie par des malfaiteurs qui en veulent vraiment du mal et qui a trouvé refuge à l’hôpital mais c’est le vécu quotidien de personnes qui souffrent d’un trouble mental connu sous le nom de paranoïa.

 

En la traduisant mot à mot du grec, la paranoïa signifie « à côté de l’esprit ». La paranoïa est une maladie mentale de la famille des psychoses, la psychose étant un état mental basé sur l’altération et la détérioration du sens de la réalité avec laquelle l’individu perd tout contact. La paranoïa est le genre de trouble mental lourd à porter tant par ses manifestations cliniques et psychiques que par ses conséquences sur l’individu, le groupe et la société. La personne qui en est atteinte est dite paranoïaque ou « parano » comme le veut l’abréviation couramment utilisée.

 

Il faut juste faire la différence entre personnalité paranoïaque et délire paranoïaque. Ainsi, la personnalité paranoïaque ne fera pas obligatoirement de délire mais ce dernier finira par apparaître progressivement avec l’évolution de ce trouble de la personnalité.

 

Définition de la paranoïa

En se référant au DSM-IV (la classification de l’Association Américaine de Psychiatrie pour définir les troubles mentaux) « une personnalité paranoïaque est définie comme un état de méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres dont les intentions sont interprétées de façon malveillante ».

 

La paranoïa se base sur un discours qui semble logique et structuré mais seulement en apparence. En effet, ce discours est délirant mais tout en restant cohérent, systématisé, bien organisé et auquel l’individu adhère totalement. La personne perçoit des choses existantes mais les interprète comme bon lui semble. Ce déséquilibre réalité/jugement est appelé pensée paralogique

 

La personne paranoïaque est habituellement orgueilleuse, autoritaire avec une grande estime de soi, le sentiment d’être incomprise en permanence et le refus d’être jugée. Sur le plan affectif, le paranoïaque est psychorigide, irritable, méfiant, susceptible, entêté, jaloux, tenace, ayant des difficultés pour s’intégrer dans la société, exprime le besoin de sentir la dépendance d’autrui envers lui et n’a pas de problème à se ruiner dans les procès.

 

Les personnes fragiles et vulnérables seraient plus à risque de devenir paranoïaque et de développer, par la suite, le délire paranoïaque.

 

Les différents types de délire

Les principaux types étant le délire passionnel dont celui de la jalousie (idées noires concernant l’infidélité de son (sa) partenaire) et de l’érotomanie (la femme qui se croit courtisée et aimée), le délire d’interprétations systématisés (selon le patient, on le persécute et on veut lui faire du mal) et le délire de relations des sensitifs (théorie du complot de son entourage pour l’empêcher de réussir).

Il y aussi le délire hypochondriaque (la conviction d’être malade), le délire politique ou encore le délire religieux.

 

La prise en charge du paranoïaque

Seul le praticien décidera de la nécessité ou non de l’hospitalisation d’un tel patient car, dans certains cas, l’internement psychiatrique est indispensable notamment dans les délires de persécution ou de jalousie où il y a des personnes considérées comme persécutrices qui peuvent être en danger.

 

La prise en charge repose sur l’as
sociation de neuroleptiques et de la psychothérapie. Il ne faut non plus pas omettre l’importance d’un bon accueil pour mettre le patient en confiance, lui montrer du respect, bien l’écouter et essayer de lui expliquer ses problèmes, car c’est seulement au moment que le patient comprendra ses troubles qu’il acceptera de se faire traiter.

E.K.L