Facteurs de risque de l’obésité chez les élèves du cycle primaire dans une ville de l’ouest algérien
Il s’agit d’une étude type enquête transversale menée par questionnaire auprès de 293 élèves dans une école primaire de Sougueur dans l’ouest algérien. Sougueur, en berbère signifie « arroser la plante », est une ville située dans le gouvernorat ou Wilaya de Tiaret à 270 Km de la capitale Alger.
Depuis 20 ans, l’OMS déclarait déjà l’obésité comme une épidémie mondiale avec plus de 300.000 décès par an qui en sont directement liés et un coût direct et indirect de 117 milliard de dollars. A l’instar de la Tunisie, le Maroc, le Brésil, la Chine et l’Inde, l’Algérie est en pleine période transitionnelle en matière de mode nutritionnel. L’Algérie, comme tous les pays en voie de développement, manque de système de fourniture de soins de santé permettant de mettre en œuvre la prise en charge des personnes déjà obèses. Des stratégies de prévention sont donc indispensables, mais il faut d’abord faire un état des lieux pour connaître l’importance du problème et les actions d’intervention possibles.
Dans cette démarche, cette étude algérienne a pour objectif l’estimation de la prévalence du surpoids et de l’obésité des enfants scolarisés durant l’année scolaire 2010/2011 et âgés de 6-11 ans dans la commune de Sougueur et l’analyse des facteurs de risque associés au surpoids notamment le niveau socio-économique, l’activité physique et l’obésité des parents.
En raison de la difficulté de réaliser une étude exhaustive, il a été procédé à un échantillonnage avec la sélection de 10 élèves par classe et une classe de chaque niveau avec un total de 50 élèves par école. L’échantillon étudié est ainsi constitué de 293 enfants dont 157 filles et 136 garçons dont la moyenne d’âge est de 8 ans et demi.
Les résultats
Il a été constaté que la prévalence de l’obésité seule est plus élevée chez les filles que chez les garçons alors que la prévalence du surpoids seul est plus élevée chez les garçons que chez les filles.
Les enfants en surpoids (obésité incluse) ont le niveau socio-économique le plus élevé. De même, plus le niveau d’instruction de la mère est élevé, plus importante est la prévalence du surpoids et de l’obésité.
Pour ce qui est de l’activité physique et la pratique du sport, 9,89% des enfants font du sport en dehors de la maison, la quasi-totalité d’entre eux participent seulement aux séances d’éducation sportive de l’école, tandis que 7,16% des enfants ne font pas du tout du sport. Parmi les enfants qui n’ont jamais fait du sport, 47,61% sont en surpoids (obésité incluse), contre respectivement 6,89% et 4,93% pour les enfants qui font du sport en dehors de l’école et ceux qui participent seulement aux séances d’éducation sportive.
Le trajet vers l’école à pied avait aussi son impact puisque seulement 4,18% des enfants qui vont à pied à l’école sont en surpoids (obésité incluse), tandis que 19,23% le sont parmi les enfants qui utilisent une voiture ou un bus.
Plus des 2/3 des élèves (71%) de l’échantillon passe plus de trois heures devant un écran (télévision, ordinateur ou jeux vidéo) par jour. Le pourcentage des enfants en surpoids incluant l’obésité est plus élevé chez le groupe accro aux écrans par rapport aux enfants qui passent moins de 3 heures sans que cette différence soit statistiquement significative. 37,5% des enfants sont en surpoids (obésité incluse) quand les deux parents sont obèses.
En Algérie, le surpoids et l’obésité deviennent carrément épidémiques et une étude nationale avec une méthodologie rigoureuse et un échantillon représentatif en utilisant les références internationales existantes s’impose. Car il est nécessaire de disposer des références algériennes afin d’évaluer avec exactitude l’ampleur et l’évolution de ce problème de santé publique, sans avoir à importer des recommandations issues des études faites dans des pays où le mode de vie et les habitudes sont largement différents.
Cette étude a été conduite par Dr Mohamed Abdelhaq ABBES Dr Karima BEREKSI-REGUIG et publiée dans « La Tunisie Médicale ».
E.K.L