Les 2èmes matinales du SEPHIRE : comment promouvoir les médicaments en Tunisie ?
« Le marché du médicament ne peut que progresser en Tunisie. Il est clair que le coût de la santé est de plus en plus important du fait de la recherche et du développement et il est important de mentionner que les entreprises ont besoin de rentabiliser par rapport à ce coût et rentabiliser passe certainement par une action commerciale mais aussi par une éthique irréprochable » a initié Mr Hachicha, directeur général Pfizer, ces 2èmes matinales du SEPHIRE.
« A travers le monde, les laboratoires travaillent de plus en plus sur la « compliance » ou la conformité et notre système doit être revu et mis à niveau pour qu’il soit adapté aux besoins du moment. Dans une dizaine d’années, la promotion du médicament ne sera plus celle d’aujourd’hui et il est clair que la Tunisie a fait son choix de ne pas faire de publicité pour les médicaments pour éviter toute forme de pression sur le médecin et le pharmacien. Une décision à respecter mais qui se doit aussi d’être respectée. Pour cela et bien que la législation existe déjà, plus de détails par rapport à la loi de la promotion sont nécessaires à connaître et à véhiculer correctement pour pouvoir contrôler, inspecter et exécuter cette législation législation. Dans cette finalité, le CNOM et le CNOPT pourraient jouer un rôle considérable pour participer à la réglementation et éviter les débordements ».
En prenant la parole, Dr Fradi Ines, directrice de la DPM, a confirmé que la loi actuelle est très générale et que certaines précisions vont y être introduites dans le cadre d’un projet en cours de préparation. Dr Fradi a également attiré l’attention sur le programme de la bonne gouvernance des médicaments puisqu’il faut, non seulement des textes de loi, mais aussi beaucoup de sensibilisation et de formation, le but étant d’aller vers plus de transparence et d’établir un code de conduite et une charte d’éthique. Pour ce qui est de la promotion des médicaments, Dr Fradi a rappelé que le système de contrôle de la promotion existe et qu’il doit évoluer et se développer avec l’évolution de l’industrie pharmaceutique.
Dr Zakraoui, chef de service de rhumatologie à l’hôpital Mongi Slim, a parlé de l’implication des laboratoires dans la formation médicale continue en insistant sur le fait que « la formation ne doit pas s’adresser uniquement aux médecins installés dans la profession, mais aussi aux internes, aux résidents et aux jeunes spécialistes, aussi bien dans les grandes villes qu’ailleurs. Il faut aider les jeunes à participer aux manifestations nationales et internationales pour la promotion de l’information et la mise à niveau ».
Quant au Dr Abdallah Jalel, président du CNOP et bien qu’enthousiaste d’avoir osé aborder un sujet aussi sensible, n’a pas pu déclarer qu’il est, et au nom du conseil de l’ordre des pharmaciens, contre que la formation médicale continue (FMC) des professionnels soit assurée par des laboratoires. Cette FMC, a-t-il dit doit être impérativement assurée par les professionnels eux-mêmes moyennant un partenariat extraordinaire avec les laboratoires pour le bénéfice de tout le monde et avec une éthique précise.
Pour ce qui est des produits OTC (over the counter), Dr Jalel a ajouté, que la promotion de tels produits peut nuire et porter préjudice à la santé du citoyen et banaliser la consommation du médicament avec l’absence de garantie que le lobbying industriel ne poussera pas, à long terme, le législateur à basculer certains produits de la pharmacie aux grandes surfaces.
Dr Mourali, chef de service de cardiologie à la Rabta et président de la société tunisienne de cardiologie (STCCCV), a souligné l’importance des campagnes de sensibilisation destinées au grand public en insistant sur le besoin pressant d’établir un programme de prévention vu que le pays fait face à un véritable tsunami de maladies chroniques pour lesquelles une prévention correctement mise en place grâce, entre autres, aux laboratoires pharmaceutiques, est plus qu’indispensable.
Pour conclure les matinales, Dr Jeribi, président du SEPHIRE, a rappelé que la promotion des médicaments, le financement de la FMC par les laboratoires et la gestion des prises en charge des professionnels de la santé par les laboratoires sont et seront encore un sujet de controverse. Bien que souvent les laboratoires soient accusés de débordement, particulièrement au niveau des prises en charge, il serait intéressant de préciser qu’elles sont étroitement réglementées et l’on est contraint de se soumettre à une compliance stricte. Nous sommes aussi convaincus du bénéfice de ces prises en charge pour la mise à niveau, la formation médicale continue des professionnels et l’impact important des conférenciers de notoriété internationale pour faire profiter des centaines d’experts nationaux.
Pour faire face à ces controverses, Dr Jeribi a rappelé que la solution est simple, rapide et certainement efficace : il suffit de définir les règles, veiller à leur bonne application et sanctionner en cas de dérives.
E.K.L