Roya, une association tunisienne de soutien aux non-voyants

Roya-association-tunisienne-non-voyantsSamedi le 15 juin 2013 à l’Espace 13 août était un rendez-vous du public et de la presse avec Roya, une jeune association tunisienne née en octobre 2012. Roya s’est donnée la mission d’aider et d’accompagner les non-voyants.Elle vise aussi de sensibiliser grand public et autorités par rapport aux problèmes auxquels font face les personnes ayant un handicap visuel.

 

L’association compte seize membres qui se réunissent régulièrement pour mettre au point des projets, choisir leurs activités et veiller à leur réalisation.

L’association, durant ses quelques mois d’activités, a pu fournir une aide matérielle à des non-voyants en besoin lors d’occasions spécifiques comme l’Aïd El Fitr et la rentrée scolaire. L’association a pu former des volontaires pour assurer des activités d’accompagnement.Ils  ont commencé, comme un début,  par des accompagnements à des consultations médicales, hospitalisations et période de convalescence. A l’occasion de la dernière journée mondiale de l’handicap, une journée intitulée «  le non-voyant face à de nouveaux défis » a été organisée par Roya.

 

Parmi les présents à la conférence, la présidente de l’association «Education nutritionnelle pour tous», Mme. Fatma Ben Hafsa, qui a proposé un partenariat entre les deux organismes.Apprendre à manger équilibré est important pour le non-voyant de la même façon que pour le voyant, mais Mme Ben Hafsa a déploré l’absence de non-voyants dans les campagnes de sensibilisation et dans les caravanes de santé auxquelles son association participe. La collaboration doit surtout pallier à cette insuffisance.

 

Mme. Yomna Mahmoud, sophrologue, a proposé de collaborer avec Roya enoffrant des séances de sophrologie aux non-voyants qui souhaitent essayer cette technique pour harmoniser corps et esprit et mieux faire face àcet handicap.

L’intervention de M. Ali Amara, responsable des affaires juridiques chargé du dossier des associations auprès du Premier ministère, a porté sur l’importance de la collaboration entre les différents acteurs de la société civile qui ont la même orientation. Il a aussi souligné la nécessité d’un lobbying pour avoir des textes de lois qui assurent les mêmes droits à tous, sans ségrégation aucune vis-à-vis des porteurs d’handicap visuel ou autre.

 

Une meilleure insertion des non voyants dans la vie culturelle, pas seulement en tant que consommateurs mais aussi en tant que créateurs, c’est ce que propose  Mme JalilaBaccar, visage emblématique du théâtre et de la scène culturelle tunisienne.Elle a suggéré la création d’une troupe de théâtre faite de voyants et non-voyants intéressés par les arts dramatiques. Elle a aussi proposé un quota de billets offerts par le ministère de la Culture aux non voyants et leurs accompagnateurs pour encourager ces derniers au bénévolat.

 

Mme MbarkaAliya, présidente de l’association, non-voyante elle-même et menant sa vie en toute autonomie, nous a expliqué deux problématiques auxquelles font face les porteurs d’handicap visuel et auxquelles essaie de remédier l’Association. Le premier calvaire est l’état des ruelles, des rues et des trottoirs, qui sont mal aménagés, ce qui cause trébuchement et chutes. Si une fracture, suite à une chute dans la rue, est pour un voyant synonyme de quelques semaines de congés et une douleur physique, chez le non voyant c’est l’équivalent d’une phobie de sortir seul pendant de longues périodes sinon à jamais. L’appel a été lancé aux autorités pour un meilleur aménagement des rues au profit des non-voyants mais la réponse tarde à venir et semble peu coopérative.

 

Le deuxième point qui pose problème, selon Mme Mbarka,est le regard de la société envers le non-voyant. Elle a porté notre attention sur le fait que les gens continuent à regarder le non-voyant comme une personne totalement incapable d’apprendre, de produire et loin de pouvoir être autonome. Alors qu’elle explique qu’une éducation adaptée depuis l’enfance (ou depuis l’installation de l’insuffisance visuelle) permet de s’adapter à l’environnement proche et d’acquérir des habitudes permettant de mener une vie normale. La lecture par le Braille, l’audio-lecture et l’audio-écriture sont des sources de savoir utilisées depuis plus d’un siècle déjà permettant aux non-voyants d’acquérir connaissance et culture générales. Taha Hussein et J.S. Bach sont des exemples cités par Mme Aliya pour dire qu’un non-voyant peut  non seulement mener une vie normale mais aussi exceller dans ce qu’il fait.

 

Mme Samia Sadiaa, membre de l’Association, a terminé la conférence en nous parlant du dernier projet en cours de l’Association. Il s’agit d’acheter la canne blanche électronique qui n’est pas encore assez disponible sur le marché tunisien. La canne électronique est une aide au déplacement. Elle  signale les obstacles présents sur le trajet de la personne déficiente visuelle par des vibrations. Elle anticipe ainsi la perception des obstacles, avant que la personne ne touche l’objet avec le bout de sa canne. Elle améliore et sécurise les déplacements des personnes déficientes visuelles par rapport à une canne blanche classique(la canne blanche ordinaire est, elle aussi,  en manque sur le marché tunisien selon Mme Sadiaa).

Un projet ambitieux mais malheureusement coûteux selon Mme Samia. La recherche de financement est en cours. Il permettra, une fois réalisé, de faciliter les déplacements et, par voie de conséquence, la vie à beaucoup de non-voyants.

 

Amna Khalfaoui

 

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