Dépression et dépressifs : l’homéopathie a son mot à dire

« C’est grâce à Dr Jacqueline Barbancey que j’ai été initiée à l’homéopathie en psychiatrie et depuis je n’ai jamais lâché ». Dr Ziegel Geneviève, neuropsychiatre à Montpellier, décrit ce volet thérapeutique fort prometteur en psychiatrie qu’est l’homéopathie. Cette conférence a été présentée lors du 4ème congrès de la Société Tunisienne d’homéopathie le 30 avril dernier.

« Devant un dépressif et pour pouvoir faire le bon diagnostic, la question qui s’impose : est ce que le sujet est mélancolique ou pas ? Et surtout sachez qu’il n’existe pas de petite mélancolie, ou bien le patient l’est ou bien ne l’est pas. Etre mélancolique signifie sombrer dans une espèce de souffrance par rapport à la vie car en voulant exceller, la personne n’y arrive pas. En réalité, ce désir de maîtriser et de dominer puise ses origines bien avant la naissance quand on vit dans une espèce de nirvana imaginaire avec un sentiment de puissance absolue sauf qu’à un moment et en quittant cette bulle, le moment de la séparation à la naissance, on perd la notion de cette puissance puisqu’on se trouve à la merci du monde extérieur d’où cette impression de castration, difficilement vécue et acceptée.

Serait-on donc tous dépressifs à la base ?

« Je vous dirai que oui, reste que la prédisposition des uns et des autres aux conséquences de cette séparation est différente. Ces enfants, spontanément fragiles, ont un vécu difficile et angoissant depuis leur naissance et toute injustice, même de la part de la maman elle-même, peut être perçue comme une absence de la maman. L’amour de la mère, les soins, les câlins, « mon petit je t’aime », « je te soutiens »…aideront à réparer ce traumatisme de la naissance mais peuvent aussi être insuffisants, ce qui peut faciliter l’émergence de cette blessure fondamentale, primum movens de la dépression.

A l’âge adulte, cette réparation passera par le sport, le travail ininterrompu, les mystiques excessives et les addictions mais au moindre sentiment d’impuissance, la personne voudra retourner à la case départ, où elle est maîtresse de son monde et détentrice de son sort. Un tel sentiment d’incapacité et de colère culmine chez le mélancolique et faute de pouvoir retourner à son nirvana, il se traduit par de l’agressivité vis-à-vis de lui-même d’où les pulsions suicidaires ».

A quoi sert donc l’homéopathie puisqu’on parle de la psychiatrie ?

« L’homéopathie tient toute sa place car, dans cette situation, l’étude du terrain est primordiale. Dans ce contexte, le terrain intervient par le biais de la diathèse. La diathèse est une imprégnation pathogénique avec une double expression psychique et physique, disons que la diathèse est l’expression d’une maladie de fond qu’on aura héritée de nos ancêtres et qu’on va mener tout au long de notre vie en fonction de la morbidité à laquelle on est confronté, de ce fait, les homéopathes ne peuvent séparer, dans leur prise en charge, le corps de la psyché contrairement à certains psychanalystes qui délaissent et sous estiment la dimension du corps. Ce dernier et via les symptômes mis en avant, nous permettra de définir les médicaments dont on aura besoin et les signes mentaux nous permettront de peaufiner la prescription en fonction de l’aspect de la dépression. En effet, la dépression peut revêtir plusieurs aspects : la dépression psorique (signes cutanés, signes digestifs, dépression), la dépression tuberculinique (asthénie, psychose), la sycose (obsessions), la luèse (la dépression à la ménopause, la dépression au vieillissement) et le traitement dépend du profil homéopathique de la personne. D’ailleurs et en se référant à une étude réalisée dans l’une des facultés de pharmacie en France, il y aurait une analogie frappante entre l’antidépresseur et le profil homéopathique ce qui nous permet de choisir quoi donner à qui.

L’essentiel c’est de faire le bon diagnostic, de faire attention à la dépression cachée, à la dépression somatisée, à certains troubles du caractère, au burn-out, aux antécédents de suicide dans la famille et à certaines situations fragilisantes (adolescence, séparation…). Il faut aussi chercher le sentiment de culpabilité, maître remède de la dépression mélancolique et se méfier du sentiment de désespoir, notamment quand il est clairement exprimé.

Dans le cas particulier des dépressions mélancoliques, il faut définir sa stratégie thérapeutique et ne pas se précipiter sur les antidépresseurs car l’homéopathie peut avoir un rôle préventif et curatif avec un traitement personnalisé et sans dégâts ».

E.K.L