Les changements environnementaux et les maladies infectieuses ?!
Le scientifique Bert Van Bocxlaer du « National Museum of Natural History » et une équipe internationale de chercheurs ont révélé que les changements anthropiques dans le lac Malawi en Afrique sont une force motrice de l’augmentation de la bilharziose urogénitale, une maladie tropicale débilitante causée par des vers plats parasites.
Les scientifiques estiment que 250 millions de personnes sont affectées par la schistosomiase (= bilharziose) dans le monde, et 600 millions de plus sont à risque de la contracter.
Dans certains villages, le long des rives du lac Malawi, 73% des personnes et jusqu’à 94% des élèves sont atteints de schistosomiase urogénitale.
Les symptômes de cette maladie se manifestent généralement dans les organes génito-urinaires et les intestins et peuvent entraîner des complications mortelles. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé plus de 200 000 décès par an sont dus à la schistosomiase en Afrique sub-saharienne
La recherche de Van Bocxlaer suggère que le pic de l’infection est directement lié à l’augmentation des populations humaines et des activités agricoles près du lac Malawi, mais aussi à un changement dans les préférences alimentaires par la consommation de certains mollusques.
En effet La densité de population humaine au Malawi a plus que doublé au cours des 30 dernières années, entraînant une augmentation de l’utilisation des terres, la surpêche et des changements écologiques qui créent un environnement favorable pour Bulinus nyassanus, un petit escargot d’eau douce qui agit comme un hôte intermédiaire du parasite responsable de la maladie . Ces escargots infectés libèrent des larves de vers plats parasites qui peuvent pénétrer la peau humaine au contact avec de l’eau. L’être humain est l’hôte définitif.
Van Bocxlaer et son équipe ont découvert que les activités humaines qui entourent le lac Malawi ont conduit à des changements biotiques et abiotiques drastiques dans l’écosystème du lac. Les changements observés sont une augmentation de la sédimentation et l’afflux des nutriments grâce à des initiatives agricoles et à l’érosion des sols.
L’escargot Bulinus nyassanus se développe dans les sédiments de sable peu profond riche en nutriments le long des rivages fréquentés par les humains, et il fait face à peu de prédateurs naturels, car les populations de poissons qui se nourrissent de cet escargot ont considérablement diminué en raison de la surpêche. Les scientifiques soupçonnent également que les poissons ont moins d’affinité pour manger B. nyassanus, préférant une autre forme récemment introduite dite tuberculata escargot Melanoides.
L’équipe de recherche a examiné les archives de sédiments et comparé les populations historiques et modernes de Bulinus nyassanus pour déterminer les changements écologiques dans le lac Malawi au fil du temps. Les scientifiques se sont basés sur des données historiques, telles que celles conservées dans les collections des musées, afin de démontrer que les changements dans les populations d’escargots dans le sud du Malawi, en conjonction avec l’impact des activités humaines dans cette région, ont bel et bien contribué à l’augmentation de la schistosomiase au cours des dernières décennies.
B.H.S